Il y a du Mrs Hyde en moi...

Ça y est. Je vois à votre sourire narquois que vous n'aviez décidé jusque là de n'accorder qu'un seul niveau de lecture (le pauvre...) à ce tube international de Philippe Châtel.

Minute, papillon. Si Lolita (celui de Nabokov) a droit à une analyse poussée, pourquoi pas Philippe? Pourquoi toujours 2 poids, 2 mesures?

Parce que voyez, cher internaute, je m'interroge.

Le 4 avril 2011, nous avons vu réapparaître, à notre plus grand désarroi, un nouveau manifeste des 343 pour exiger une égalité parfaite entre les hommes et les femmes (à aller télécharger ici, pour celles et ceux qui ne l'ont pas encore lu)

La nécessité d'une telle démarche paraît malheureusement évidente et nous pousse donc à nous pencher sur le statut des hommes et des femmes aujourd'hui.

Puisqu'ils ne sont pas surement pas égaux, c'est qu'ils doivent être différents (Les Bogdanov appelleraient ça une thèse, le maréchal de La Palice appelle ça une phrase).

Donc qu'est ce qu'une femme aujourd'hui, en 2011? Et pourquoi est-elle encore considérée comme si différente d'un homme?

Pour m'aider à comprendre comment la société s'en sort pour définir tout ça, je me tourne donc vers un produit social par excellence, le magazine.

Et là, cher internaute, une interrogation commence à poindre.

Parce qu'entre Causette et Elle, voyez-vous, mon cœur balance...

Chez Causette, le bimestriel « plus féminin du cerveau que du capiton » il y a couv' décalées et grinçantes du plus bel effet, des articles sans concessions, sans pub, sans frivolité, on est sur du sujet sérieux, féministe par excellence parce la condition féminine le mérite tout autant qu'une autre...(de condition).

Très bien. Non mais vraiment très bien, parce que donc les femmes ont bien un cerveau et savent s'en servir au mieux, qui en doutait? (!!)

Finalement ça dit aussi que si tu as des capitons, passe ton chemin parce que ce n'est pas là que tu trouveras ton bonheur pour t'en débarrasser. Ici c'est cerveau only.

Bon moi c'est pas mon problème, j'en ai pas des capitons, mais bon comme j'ai des copines qui ont des copines qui en ont, je me dis, autant aller voir chez la concurrence.

Elle donc.

Apparemment eux ils ont des bons trucs. Contre les capitons. Puis sur des bouquins aussi, un petit hommage à Elisabeth Taylor, quelques jolis trucs déco, quelques jolies fringues. Tiens, ça se laisse lire aussi, sans avoir forcément l'impression d'être une quiche (d'or, selon les awards de notre amie Causette.)

Bon quand je tombe, dans la version papier, sur : « Adoptez le sourire allumeur. C'est décidé, je passe au lipstick rouge. Une étude de l'université de Manchester a montré que les hommes fixent la bouche d'une femme en moyenne 7,3 secondes quand elle est rouge, pour à peine 6,7 secondes quand elle est rose! » (sic).

Là effectivement je me dis, un point pour Causette.

Mais bon, on ne peut pas toujours être au top, et puis la cohérence éditoriale ça  peut être relatif (hier, les bandeaux de pub sur le site Le Monde, c'était « Mesurez la générosité de la principauté de Monaco » et « Infiniment Dubaï ». Y a que moi que ça fait rire? Ah bon. Sur le Figaro.fr, au même moment, c'était Vivendi. Eux, ils assument assurent...)

Bref en gros, jusque là, la société, au travers de ses magazines féminins m'a montré que je ne peux avoir en même temps un cerveau et des capitons (enfin pas moi, mais la copine d'une copine).

Une femme donc ne peut pas avoir en même temps une passion : la cuisine, et un hobby : la fission nucléaire. Ou une passion : la politique, et un hobby : le cellu M6.

Choisis ton camp, camarade, tu ne PEUX PAS avoir la tête et les hanches pleines, c'est antinomique.

Et c'est là que le tube de Philippe me revient...

Oui, il a tout compris et personne ne l'a vu : bien sûr qu'il y a du Mrs Hyde en moi (et en toi chéri), parce que jusque là, tout cela ne m'a pas forcément donné envie de choisir.

Sinon par pur esprit de contradiction, de dire « ni l'un ni l'autre » (ça passe mieux que F*** you). Plus de magazines, je les donne à bouffer à mes chèvres.

Ben oui, réfléchissez, j'habite dans la banlieue campagne marseillaise (non il n'y a PAS de banlieue à Marseille, cher ami).

Je ne souhaite délibérément plus lire de magazines.

Donc je dois avoir des chèvres.

C'est obligé sinon c'est antinomique. Cogito ergo sum pas bô. Ou le contraire.

Et un homme il a le droit lui? D'avoir les deux? Fromage et dessert?

Puisque M. Hollande a perdu du poids pour 2012, puisque M. Sarkozy fait son jogging dans l'esprit « mens sana in corpore sano » (hum), puisque Tom Ford a le droit de faire du cinéma dit « intelligent » (A single Man), j'aurais tendance à dire que... un peu plus, oui.

Pas égaux puisque différents. Hmm, on progresse là.

Allez je vous laisse, les biquettes se battent dans le pré. Bizarre pourtant, c'est que des femelles.

Gardez la forme! Et l'esprit (pour les messieurs qui viendraient à me lire...)

Et pour ceux qui voudraient swinguer avec Philippe, c'est par là !