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mercredi 20 avril 2011

Tchouchou et loulous

Tout comme d'innombrables et respectés auteurs avant eux, ce que les scénaristes d'Un gars, une fille ont bien compris, c'est qu'un des principes de base de tout ressort comique est de mettre ses personnages en situation ordinaire et d'y ajouter le petit « plus » qui la rendra irrésistiblement hilarante aux yeux des spectateurs présents.

Ainsi qu'irrésistiblement affligeante, dégradante, ou épuisante pour le personnage qui la subit. Ça s'appelle un dommage collatéral, mais tout le monde s'en fout.

Schématisation de la théorie avec mise en application sur un exemple concret, vous savez, de la vraie vie des vrais gens :

Un adulte sain d'esprit voyageant en train pour une durée de plus de 3 heures = une situation tout ce qu'il y a de plus ordinaire

Un deux ex machina pervers y ajoute le petit « plus » : 2 enfants en bas âge

Ce qui donne le résultat suivant :
...

Toutes mes excuses pour ces points de suspension incongrus, mais l'expérience a failli me faire perdre l'usage du langage articulé.

Non, mais le huis clos, c'est implacable comme ressort... comique. A moins que ce ne soit tragique.
Parce que quand vous êtes déjà à la 5ème reprise de « C'est le refrain du petit train Tchouchou » et qu'il ne s'est écoulé que 3 minutes sur votre trajet qui doit donc durer 3h40, là le piège s'est refermé, et il est sûr que vos spectateurs vont s'en payer une bonne tranche.

Pour être sur d'assurer un spectacle de qualité, il faut d'abord savoir choisir ses acteurs, le casting c'est la clé.

Vous avez donc en main la fillette juste assez grande pour aller à l'école, mais pas assez grande non plus pour avoir atteint ce que les pédopsychiatres vous agitent sous le nez comme une carotte géante devant un âne affamé, à savoir le fameux « âge de raison ».
Ce qui signifie juste que votre enfant a plus ou moins appris à contrôler ses pulsions (« si on jouait à cache cache dans les 18 wagons?! » et à gérer la frustration inhérente à la vie (« pourquoi pas un 38ème bonbon?!!!!! ». Non, là, pas encore.

Vous avez ensuite le bébé qui n'en est plus vraiment un. Plus vraiment, parce que l'animal s'est mis à marcher il y a quelque mois et à découvrir le pouvoir magique du « NON » même quand il n'articule pas le phonème en question. Bébé toujours parce que son âge le rend malheureusement imperméable au subtilités du raisonnement argumenté, pourtant bien utile à la vie en société, et encore plus à la vie en wagonnet...

Et enfin, cherry on the cake, vous avez la mère, déjà sérieusement entamée nerveusement par les préparatifs du voyage en question qui ont pris 38h30 (« Non mais le dino playmobil je le prends au pas? Ah non, enfin sauf si je prends la baignoire gonflable. Je peux me l'enrouler autour de la tête comme un turban, ce sera plus facile à transporter... »).
Et qui essaie de récupérer physiquement comme elle peut après le transport de 2 fois son poids en bagages, et ce dans l'angoisse d'arriver en retard sur le quai. Ou pire, d'en oublier un sur le quai.

Les protagonistes sont en place, let the show begin.

Et toujours en vue d'assurer une production de qualité, autant utiliser les recettes éprouvées par tant d'autres avant nous :

  • Le comique de répétition :
    ah l'ancêtre du gag, ça marche toujours! Ramasser un playmobil 6 fois, pas de souci. Le ramasser 62 fois, en vous cognant la tête sur la tablette à chaque coup, et votre auditoire pète de rire pendant que vous imaginez le supplice que vous infligerez un jour à l'ingénieur qui a laissé un trou de cette taille entre les deux sièges.

  • La tarte à la crème :
    Le grand classique. Indémodable et maitrisé de façon parfaite par le bébé qui veut de façon hystérique manger tout seul à la cuillère sa crème dessert vanille. Vous avez un pantalon bleu foncé. Qui est déjà parfumé à la très odorante « idée de Maman : Colin, petites pâtes courgettes ». Vos voisins ont du mal à cacher leur fou rire nerveux.

  • Le destin contraire :
    Un ressort de base, souvent utilisé dans les tragi-comédies. Vous pensiez avoir bétonné votre trajet, mais là les dieux prennent ombrage de votre abus de confiance et vous infligent le coup de grâce.
    Le mini lecteur DVD que vous aviez chargé précautionneusement pour vous débarrasser d'un des gnomes au moins pendant 1h30 s'est allumé tout seul dans votre sac. Vers 06h40, quand vous êtes partie à l'aube de chez vous. Il est 10h02. Plus de batterie. Vous n'avez plus de larmes non plus, donc on ne va pas s'embêter à pleurer. Vos voisins eux, pleurent de rire.

  • Le qui pro quo :
    Celui-là c'est le petit sympathique qui fait toujours plaisir. Quoi de plus rigolo effectivement que d'essayer de prouver que vous êtes bien la mère du lutin détenteur de la carte enfant Plus, quand le lutin en question avait 1 mois sur sa photo d'identité. Soit pas du tout la gueule qu'il a aujourd'hui. Et que vous savez parfaitement où est votre livret de famille, c'est à dire pas du tout dans votre sac. Les dieux rigolent sous cape, le contrôleur aussi, vos commissures de lèvres n'arrivent même plus à esquisser un mouvement ascendant. Toujours ça de gagné en crèmes antirides.

  • Les blagues scatologiques :
    LE gag par excellence, qui fera toujours sourire petits et grands.
    La selle du bébé à changer, entre le bruit tonitruant, l'odeur fétide et persistante et la perspective de devoir se taper les 18 voitures avec votre boule puante sous le bras pour trouver la seule et unique table à langer du train n'étaient que que les prémisses de la petite blague, pour s'échauffer.
    Non le « grand final », celui qui provoquera enfin le fou rire ultime, ce sera le moment où, vous-même aurez envie d'aller aux toilettes. Soit dans l'endroit où la seule surface non hautement pathogène est le coin avant droit du plafonnier. Et où vous devrez emmener le bébé avec vous, pas moyen d'y couper. Et où vous aurez les mains occupées pendant un temps interminable, soit 20 secondes (ou 12 secondes et demi si les dommages irréversibles infligés à votre périnée ne vous rebutent pas).

Voilà, tous les ingrédients sont en place, vous allez faire un tabac avec ça. C'est sûr, un bon spectacle exige une grande préparation, et de nombreux sacrifices, parfois physiques mais c'est en donnant de sa personne sans compter qu'on peut confiner au génie comique : Molière n'est il pas mort sur scène pendant le Malade Imaginaire?

Ou alors comme dirait notre ami Peter Parker « A grands pouvoirs, grandes responsabilités... ». Et le pouvoir du rire n'est il pas le plus grand de tous en ce Monde...?

Je vous laisse méditer, je dois préparer la deuxième plus grande représentation de ma vie.
Le voyage retour.

2 commentaires:

  1. que j'aurais aimé être dans ce train!! il n'y a que toi et ton humour grinçant qui pouvez me redonner le sourire le jour où ma machine à laver a décidé unilatéralement que le tuyau d'évacuation sortirait du trou pour répandre toute l'eau usée de la lessive dans mon appartement, le tout à 8h45 du mat... juste avant de partir bosser, alors qu'il fait 25° à paris et qu'à partir de demain tout parisien sait qu'on ne reverra pas le soleil avant la fin juillet....

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  2. merci, j'apprécie venant de toi, l'experte des voyages en train avec loulous...
    la machine, te faire ça moi je dis c'est un deal breaker, alors hop, à la benne!
    depuis le temps qu'elle doit y passer, c'est ton heure camarade!!

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