J'ai déjà évoqué avec vous la légère tendance que je peux avoir à cuisiner pour beaucoup plus de personnes que ce que la tablée en contient en réalité.
Ce n'est pas forcément que je surestime automatiquement la capacité stomacale de mes pauvres convives...
C'est bien évidemment surtout un truc de culture.
La cuisine du bassin méditerranéen, pas de scoop ici, est une cuisine familiale par excellence.
Les régions dites « latines » ont des siècles de comportement acquis quant à la nécessité pour une cuisinière de savoir faire face au débarquement de solides gaillards affamés qui il y a un moment sarclaient ensemble le champ d'à côté sous un soleil de plomb, ou pêchaient au chalutier les sardines alors innombrables de la Grande Bleue.
Gaillards qui étaient généralement les frères de la cuisinière en question, tous mariés et qui amenaient avec eux le dimanche leurs femmes très enceintes, et la nuée d'enfants poussiéreux mais hilares qui avaient précédé celui actuellement dans le tiroir.
Bien sûr cette image d'Epinal loin d'être idéalisée par ailleurs – la misère frappait fort en ces temps là, donc manger à sa faim ET en avoir à donner aux voisins c'était le luxe – n'a plus cours aujourd'hui et ce depuis un bail.
Et effectivement, je ne fais pas partie d'une tribu innombrable de frères et sœurs, mon seul lien concret avec la terre est de pester quand j'en retrouve dans mon salon parce que mes filles ont fait leur « soupe », et je ne connais pas le nom du rafiot (qui n'en est probablement pas un) qui a pêché les sardines (de plus en plus petites au fil des années d'ailleurs) achetées au supermarché.
Et pourtant cette survivance là, j'y tiens.
Parce que derrière le désir tout personnel de recréer une tribu, derrière cet amour aujourd'hui si tendance du « vieux », de « l'authentique » du « c'était mieux avant non? » (« t'as vu c'est trop vintage!! »), eh bien il y a le sentiment vrai que le lien social s'établit avant toute chose par la cuisine.
Se nourrir et surtout nourrir les autres est l'étape première de la communication, et autour d'un plat partagé se créent les affinités et les discordes (« foutrement trop salé, moumoune ») qui font, comment dire... le sel de la vie.
Quant aux origines des plats à partager, il est vrai aussi que c'est la culture des « restes » qui joue ici : ne rien gâcher, ne rien perdre, et essayer de faire du bon avec ce qu'on a sous la main, ce qui est source d'un grand dynamisme culinaire... tout comme d'un bon nombre de ratages mais ça aussi après tout ça crée du lien (« ah la dispute de 1971...! »)
Les farcis, plat ô combien de saison, rassemblent les deux caractéristiques que j'évoque ici.
On ne fait pas un seul et unique légume farci, non. Ça n'existe pas.
On fait les farcis avec les légumes de fin d'été dont on a soupé (et après un été inondé de courgettes, de poivrons et d'aubergines il faut turbiner pour trouver de nouvelles façons de les accommoder) et avec l'optique d'en distribuer autour de soi, parce que les farcis... eh bien c'est comme ça.
Ça se mange chaud, ça se mange froid, ça se mange dans une gamelle ou dans un plat, les farcis c'est tout simple, c'est pas bégueule et surtout ça se partage... eh bien les voilà.
Ingrédients (pour 8 personnes ?)
Outre celle présente de façon quotidienne dans mon salon, j'essaie de me reconnecter avec la Terre grâce à Seconde Nature pour recevoir un panier bio de saison toutes les semaines, c'est donc de là que provient la recette originelle du pâtisson farci... que j'ai un peu modifiée, puisqu'une aubergine et deux poivrons passaient par là aussi... et que les quantités... eh bien on ne pas revenir sur la question.
Mais un grand merci tout de même à Valérie pour cette excellente idée, et la découverte de ce curieux légume à la forme de courge et au goût d'artichaut! Si vous voulez voir l'original de la recette, c'est par ici...
- 1 pâtisson
- 1 grosse aubergine
- 2 poivrons rouges
- 1 tomate
- 1 gros oignon blanc doux
- 2 gousses d'ail
- 2 poignées de chapelure
- 1 œuf
- 2 CS de persil haché
- 1 CS de coriandre
- 1 CS d'huile d'olive + 1 cc de beurre clarifié (ou beurre normal)
- 3 cc de cumin moulu
- sel, poivre
- 500 g de bœuf haché
- 500 g de chair à saucisse
Après avoir lavé tous vos légumes, découpez un chapeau au pâtisson, enlevez les graines et creusez le un peu. Puis mettez le dans l'eau bouillante pour 5 minutes (j'ai mis 2 minutes seulement c'est un peu juste car la peau de ce légume est très épaisse...). Égouttez le et réservez.
Découpez un chapeau à l'aubergine (laissez lui son pédoncule c'est plus joli...). Creusez la chair sans entailler la peau, réservez la pulpe, salez l'intérieur de l'aubergine et renversez la sur du papier absorbant le temps de faire le reste...
Découpez des chapeaux aux poivrons et enlevez les pépins et parties ligneuses. Réservez.
Mélangez votre bœuf haché et votre chair à saucisse, une occasion en or de patouiller.
Hachez l'oignon avec l'ail, la tomate et la chair de l'aubergine.
Faites fondre le beurre et l'huile dans une sauteuse à bords hauts et faites revenir ce hachis à feu un peu vif pendant 3 minutes.
Ajoutez le cumin en poudre et mélangez.
Versez le mélange des deux viandes hachées et faites revenir toujours à feu un peu vif en remuant bien pour que la viande dore un peu.
Préchauffez votre four à 180° chaleur tournante.
Faites cuire environ 5 à 8 minutes, puis ajoutez la chapelure, mélangez.
Hors du feu, ajoutez l'œuf entier, puis les herbes fines hachées.
Salez, poivrez.
Puis farcissez vos légumes... et la petite cocotte violette qui se trouvait là puisqu'il y avait trop de farce pas assez de légumes.
Tassez bien, remettez les chapeaux à tout le monde et enfournez pour 30 à 40 minutes de cuisson (selon les fours).
Servez chaud, froid, mangez ça tout seul en boudant ou avec votre famille, vos voisins,vos amis.
Mais surtout, surtout. Parlez en.
PS : mais bon ne parlez pas que de la croûte du pâtisson qui est vraiment trop épaisse pour être consommée par quelqu'un d'autre qu'une chèvre... auquel cas la dispute de 1971 pourrait se voir purement et simplement détrônée.
Jamais je n'aurais imaginé que 1/ ça s'appelait patisson et 2/ que ce n'était pas que pour décorer ;-)
RépondreSupprimerLes farcis provençaux sont un grand classique, chaque famille a sa recette et les premiers de l'année sont synonymes de "voilà l'été".
Dans une autre vie où j'étais marseillaise j'allais au marché paysan du Cours Ju' du mercredi matin.
Avec le reste de farce j'aime bien faire des boulettes ;-)
Besooooooooooos
Tiens, des farcis ! espèce de copiasseuse !
RépondreSupprimerBon, je préfère ma farce, mais tes photos sont mille milliards de fois mieux !
Mag à l'eau
Hahaha, moi aussi je suis de celles qui cuisinent pour un régiment. Sinon, le patisson, j'en avait eu dans mon panier aussi mais je n'avais pas été convaincue, peut être qu'avec ta recette...
RépondreSupprimer@La Francesa : moi aussi je suis fan des boulettes aka restes de farce... ;-) Le Cours Ju' c'est trop central pour moi, en tant que vraie fausse "campagnarde" je vais à celui d'Aubagne !
RépondreSupprimer@Mag à l'eau : Tu sais ce qu'on dit : l'imitation est la forme la plus sincère de flatterie ;-D
@Aurelvelvet : ah merci de faire ton coming out, je me sens moins seule... Eh oui le pâtisson je suis d'accord c'est assez spécial, mais je pense qu'il faut s'habituer à la texture, et surtout bien bien le cuire... Tu me diras si avec celle là ça va mieux...
à bientôt tutti, ça m'a fait bien plaisir de vous répondre...