Elle est de ces recettes clés, celles qui signent le passage vers l'âge adulte.
Elle est celle qu'on réussit avec ce qu'on a dans le placard du premier meublé, en dépit du premier ustensile qui mérite à peine le nom de four, puis qu'on s'évertue à améliorer avec le temps.
Elle symbolise à la fois notre indépendance, le fait de réussir à voler de nos propres ailes (bon le coup de téléphone à maman pour les proportions compte... pour du beurre) et dans le même temps elle nous ramène à l'enfance, au parfum de la cannelle qui embaumait la maison quand c'était l'heure du goûter et la saison des pommes... la rentrée, quoi.
Elle est celle qui se fait vite et pourtant celle qui est faite pour durer, dans nos carnets et dans nos mémoires jusqu'à ce que plus personne n'aime la tarte aux pommes... donc c'est pas pour demain.
Pour toutes ces raisons, cette petite tarte tout ce qu'il y a de plus banal mériterait bien de figurer sur la liste des plaisirs simples énumérés dans le petit précis du bonheur domestique qu'a écrit Philippe Delerm il y a bien longtemps...
A peu près à l'époque où j'emménageais seule pour la première fois.
Donc, la 1ère gorgée de bière... à la santé de tous les autres plaisirs minuscules. Et la première part de tarte en leur honneur.
Ingrédients (pour une tarte de 22 cm de diamètre)
- 250 g de farine
- 130 g de beurre demi-sel
- 40 g de poudre d'amandes
- 5 à 6 CS de cassonade
- 3 cc de cannelle moulue
- 1 œuf entier
- 1 jus de citron vert
- 6 pommes (de préférence des Granny Smith pour leur côté très acide)
Mélangez 2 cc de cannelle, la farine, la poudre d'amandes et 4 à 5 CS de cassonade.
Coupez le beurre très froid en petits morceaux et incorporer le au mélange en le sablant entre vos doigts, ou alors au robot, si vous avez quitté votre meublé depuis assez longtemps pour avoir la place d'un robot ménager dans votre kitchenette.
Une fois le sable obtenu, ajoutez l'œuf battu et mélanger de façon à ce que la pâte se rassemble autour du crochet ou de vos doigts.
Vous pouvez la laisser reposer une vingtaine de minutes au frigo, ou l'utiliser tout de suite si les copains s'apprêtent à débarquer pour l'apéro avec les binouzes.
Dans tous les cas cette pâte ne s'étale pas au rouleau, elle est trop friable pour ça.
Écrasez la du plat de la main dans votre moule, et débrouillez vous pour qu'elle en recouvre la totalité de la surface d'une façon ou d'une autre.
Préchauffez votre four à 160° chaleur tournante.
Pelez vos pommes et découpez les en quartiers assez gros. Disposez les sur la tarte comme on rangerait sa chambre à 16 ans.
Saupoudrez de la dernière CS de cassonade et d'un jus de citron vert, si vous aimez l'acide...
Puis saupoudrez de la dernière cuillère à café de cannelle, et enfournez pour au moins 40 minutes.
La tarte doit cuire assez longtemps à feu moyen pour que les pommes confisent lentement.
Sortez la du four et attendez son partiel ou complet refroidissement avant de la déguster.
Les gros quartiers de pomme délicatement séchés par le four, le parfum entêtant de la cannelle, le sablé gourmand de la pâte... Il y a de quoi susciter des vocations dans cette recette là.
A servir avec fierté comme la première recette qu'on ait jamais réussie.
A savoir que cette tarte est indémoulable sans en couper une première part dans le plat, elle est trop fragile. Et oui, comment voulez vous que les jeunes adultes apprennent qu'il ne faut jamais couper une tarte dans son moule avec un couteau pointu sinon?
On a les rites initiatiques qu'on peut, après tout...
Sympathique ta tarte, mais c'est vrai qu'avec une bonne bière. Je viens d'acheter une bière à la mirabelle, je vais aller la gouter de ce pas en louchant sur ta tarte.
RépondreSupprimerGénial... le coup du coup de couteau dans le moule c'est le gros faux pas... initiatique. Moi aussi j'ai lu Delerm Père à une époque où mon four était coincé sur un plan de travail liliputien au-dessus d'un frigo riquiqui dans une kitchenette-couloir... faut dire aussi que je passais plus de temps à la Fnac qu'aux fourneaux. Mais... la tarte aux pommes était déjà ma spécialité, avec les poires belle hélène faites avec une conserve et une plaque de chocolat du Franprix eh eh eh
RépondreSupprimerC'est Môman Zazazsu qui t'a initié à la poudre d'amandes dans la pâte ou ça aussi c'est de l'empirique? ah ah ah
Continue ta prose, ça aussi ça fait parties des nourritures terrestres ;-)
Besooooooooos
Merci pour ce plaisir tout simple de la tarte aux pommes... J'aime la pâte tellement sablée qu'elle ne s'étale pas, ainsi que la cannelle délicieuse sur les pommes déposées en bazar...Une envie que je vais garder au chaud jusqu'à mon retour de vacances !
RépondreSupprimerQuand à ma première gorgée de bière - la vraie toute première ! - je m'en souviens encore, un vrai coup de foudre... et pourtant, elle ne date pas d'hier !!
Merci pour ce joli billet !
Bon, là il va falloir un peu-beaucoup de sens de corporatisme et de solidarité hum hum je m'adresse à Miss Zazazsu pas à n'importe qui... siouplé ;-) Cela faisait longtemps que je n'avais pas été sollicitée (là tout de suite je suis perturbée par ton widget rss bien nommé "dynamique des flux"... en plus de Delerm Père, tu aurais trop lu... Houellebecq? ah ah ah) je disais donc, bon voilà, je me suis lancée dans un jeu pas si innocent de ronde de blogs blabla invitée par TaraCook de Dans le frigo de Tara.
RépondreSupprimerTout est expliqué dans mon post de "jeu des saveurs". Comme je le dis, c'est assez intéressant de se pencher sur son "moi gustatif" je-personnellement-en ce quime concerne-pour ma part blabla tu sauras trouver les bons mots...
La balle est dans ton camp, si tu veux tu la renvois à qui tu veux ou tu te la manges en pan-bagnat (en voilà une idée de streetfood pour le concours de photo de 750g, vite vite c'est pas trop tard et franchement t'as tes chances) sur la plage des Catalans à ma santé aaaaaaah
Besooooooooos
C'est très émouvant tout ça.
RépondreSupprimer@Marie-Do : une bière à la mirabelle...!! Bouge pas je viens avec toi!
RépondreSupprimer@La Francesa : on devait fréquenter la même Fnac alors...!! Et tu ne peux pas imaginer le plaisir que tu m'as fait en évoquant les poires belle hèlène, un revival d'enfer pour moi aussi, j'en ai rigolé toute seule dans la bagnole, on a du me prendre pour une dingue!! Ah les fameuses poires : je crois qu'il devait y avoir l'équivalent d'une demie tablette de choc pour un pauvre morceau de poire même pas égoutté, mais c'était l'époque où, en plus de la Fnac, le temps de lire et tout et tout, on ne prenait pas un gramme sur la balance même après un menu : chiche kebab, frites, poires belle hélène.
Ah c'était le bon temps... ;-D Donc merci d'avoir fait revivre ça!
Et la poudre d'amandes c'est moitié Môman moitié empirique ;-)
Quant au jeu des saveurs, comme je t'ai dit je me penche sur la question très très prochainement! Des bises!!
@Zazouille : je te la garde au four alors... ;-) Merci de la visite et surtout bonnes vacances!
@Loïc : merci mais ça c'était le côté pile de l'époque "tarte aux pommes réussie pour la 1ère fois". Le côté face que je ne vous ai pas raconté était lui plutôt drôle, rien qu'à voir et mon look et mon appart de l'époque... et surtout mes certitudes sur la vie (ah avoir 17 ans à nouveau... BEUUURRRK!) ;-D
très jolie tarte, et j'adore les histoires que tu racontes : moi j'ai pas encore connu ça, pas avant quelques années, en attendant le four de maman il est méga performant lolllll
RépondreSupprimerBizz à toi
Merci c'est très gentil... Et profite bien du four, parce que viendra aussi pour toi le temps du truc tout pourri qui brule plus qu'il ne cuit dans la kitchenette de 1m sur 0,5...! ;-) J'espère donc que tu nous raconteras ça toi aussi le moment venu...
RépondreSupprimerà bientôt!