Le printemps, c'est tout un concept.
Il faut apprendre à l'aimer, c'est
celui qui nous fait comprendre qu'on a enfin atteint l'âge adulte
mais qu'on est enfin content d'y être arrivé.
Oui vois-tu quand on est jeune,
midinette, et encore en forme (de quoi?) on aime... l'été.
L'été, c'est la saison des "adodultes", de ceux qui peuvent encore faire étalage de leurs
gambettes sans penser automatiquement aux mots "fond de teint" ou "bas de
contention". De ceux qui ne pensent qu'à faire la fête, à aller en
boîte et à passer leur bac après. L'été c'est m'as-tu-vu, ça
n'a pas de nuances, c'est soit il fait une chaleur écrasante et tu
fais la sieste avant ton after-before, soit il fait froid et c'est
parce que tu es en Bretagne mais que tu l'as bien voulu, tu es maso.
Bon l'hiver je passe parce que personne
ne l'aime c'est bien connu.
L'automne plutôt joli ok, les feuilles
mortes, les couleurs vives ok mais signe annonciateur de la
dépression hivernale et de rentrée des classes donc c'est un peu le
pote dont tu apprécies le retour mais que tu ne voudrais pas voir
squatter chez toi ad vitam aeternam.
Mais le printemps, mes amis, le
printemps...
Une fois atteint l'âge mûr et
responsable qui est le tien, et qui ne te permet plus ni de passer
des nuits blanches au risque d'y laisser ta peau au boulot le
lendemain, ni d'exhiber ton cuissot ou ton mollet sans complexe pour
cause diverses et variées et dont les noms se terminent souvent en
-ite, -ice et -ange, eh bien le printemps est ton royaume.
Le printemps voit te revenir la lumière
douce et moirée qui met ton visage en valeur bien plus que la
lumière crue et blafarde de la salle de bains un matin d'hiver avant
ton passage au marbre (au maquillage pardon).
Le printemps te laisse exposer tes bras
fuselés et musclés par des heures de manutention de packs de lait,
courses diverses et bambins potelés mais laisse tes jambes là où
elles sont c'est à dire au chaud sous des collants ou un pantalon
adapté au train de vie prosaïque et sportif qui est le tien.
Le printemps porte en lui le message
que tout sera plus facile maintenant : les gens moins ronchons,
la crise moins prégnante, le froid moins vif et les enfants plus
heureux... d'avoir bientôt terminé l'école !
Le printemps transforme les arbres en
un spectacle enchanteur qui te donnerait presque l'impression d'être
à nouveau une jeune fille en fleurs.
Le printemps te donne envie de prendre
ton temps, et de te laisser aller à la nonchalance d'un goûter à
l'ancienne, avec crème anglaise et cigarettes russes.
Et quand la crème anglaise se paie le
luxe d'être parfumée au thé et fleurs de cerisiers Sakura de chez
Mariage Frères, tu te dis que ce printemps là sera vraiment une
belle série limitée...
Ingrédients :
Pour la crème anglaise au thé aux
fleurs :
6 jaunes d’œufs
120 g de sucre
2 cc de thé vert Sakura aux fleurs de
cerisier
1 L de lait
Faites bouillir le lait dans une
casserole, puis coupez le feu et versez y les feuilles de thé et
laissez infuser une bonne 30aine de minutes.
Pendant ce temps, fouettez
vigoureusement les jaunes avec le sucre jusqu'à ce que le mélange
blanchisse et double de volume.
Filtrez le lait puis remettez-le à
chauffer jusqu'à une nouvelle ébullition. Versez le au 1er bouillon
sur le mélange jaunes/sucre et mélangez jusqu'à avoir une
homogénéité dans la préparation. Puis remettez la sur le feu et
faites épaissir en remuant régulièrement (en formant des huit au
fond de votre casserole pour que ça n'attache pas sur les bords)
mais sans faire bouillir sinon les œufs coaguleraient !
Si vous avez un thermomètre c'est le
moment de le dégainer et de ne pas dépasser les 84°. Sinon faites
le « à la nappe » c'est à dire que la crème est cuite
lorsqu'en passant le doigt sur votre spatule imbibée de crème, le
trait qui est formé par votre doigt est net et précis et ses bords
ne coulent pas...
Versez dans un saladier et réservez au
frais 2 bonnes heures au moins avant dégustation.
Pour les cigarettes russes : (j'ai
utilisé les 6 blancs de mes œufs , donc les proportions sont pour 6
blancs) je me suis inspirée de la recette utilisée par Scally ici
180 g de beurre très pommade
180 g de sucre
180 g de farine
6 blancs d'oeuf (soit 180 g...)
Mélangez le beurre et le sucre jusqu'à
ce qu'ils forment une crème onctueuse et blanche (ça se fait très
bien au robot avec le K ou la feuille...). Puis ajoutez les blancs
préalablement touillés à la fourchette (pas montés!) et continuez
à homogénéiser le mélange. Ajoutez enfin en dernier lieu la
farine tamisée : la pâte doit être onctueuse et
« crissante ».
Préchauffez votre four à 180°
(chaleur tournante si possible).
Déposez 1 CS du mélange sur une
plaque graissée, un tapis de cuisson, ou du papier sulfurisé et
étalez la ensuite en forme ovale de 5 à 6 cm de diamètre : la
pâte doit être d'une épaisseur régulière, en couche fine mais
pas transparente. (les spatules à glaçage droites font très bien
le boulot mais si vous n'en avez pas vous pouvez le faire au couteau
à beurre ou avec le dos d'une petite cuillère...)
Enfournez pour 5 minutes environ, ça
va très vite : les bords commencent à se colorer et à
roussir, le centre doit être en train de dorer mais pas encore roux.
Et là il faut être rapide et avoir
les doigts bioniques : prenez le cercle/ovale et commencez à en
rouler une extrémité en boudin puis sur lui-même jusqu'à former
un rouleau (comme si c'était de la pâte à modeler).
La technique pro va vous dire d'essayer
de le rouler autour d'un tube en inox, ou d'un crayon... Mais cela va
tellement vite durcir que le temps d'ajuster le tube ou le crayon, ce
sera peut être trop tard et la pâte aura tendance à casser.
Donc si vous arrivez à résister à la
chaleur au bout de vos doigts, vous pouvez le rouler sur lui même.
Prévoyez de le caler en « fin de course » avec un objet
léger (un crayon pour le coup!) afin que le rouleau garde sa forme
le temps de durcir définitivement.
Après vous pouvez vous amuser à les
rouler plus ou moins serrées, plus ou moins jusqu'au bout, bref à
jouer avec la nourriture, c'est un excellent signe de santé
mentale... (ça et le poil soyeux).
Ces cigarettes se conservent paraît il
jusqu'à 10 jours dans une boîte hermétique (en fer plutôt type
boîte à biscuits).
Je vous avouerai que je n'ai pas eu le
temps de vérifier la véracité de cette affirmation.
Dressez votre table, faites infuser le
thé, et prenez votre goûter les yeux perdus dans la douceur de cet
après midi de printemps.
Le printemps c'est toute une promesse,
et ce qu'il y a de magique en lui, c'est qu'il revient tous les ans.
Vivement l'année prochaine !